Don't hurt me, no more... ||Fe. Ceyan Willd

Ceyan & Alana ♥

Don't hurt me, no more...

Le soleil se couchait doucement à l’horizon, reflétant ses derniers rayons écarlates sur la surface du lac noir. L’immense étendue d’eau semblait secouée de feu et de flammes. Tout semblait brûlé doucement.
Je resserrai mes bras autour de mes jambes, un léger frisson parcourant ma nuque, à la vue de ce spectacle étonnant et étrange à la fois.

J’ai toujours l’impression que tu aimes plus le paysage que moi, dès que nous venons ici.

Je lâcha un profond soupir tendu entre la nostalgie & l’amusement. Par le regret, aussi, peut-être. Peu importe dans le fond.
Cette phrase était le symbole même de ce que Ceyan représentait dans ma vie, avant notre pseudo-rupture. Elle me rappelait que le paysage était beaucoup plus beau lorsque le serpentard était allongé à côté de moi, dans l’herbe humide, sur la rive bordant le lac.
Ou peut-être était-ce uniquement la présence de Ceyan qui rendait la vue si belle.

Le soleil disparut enfin derrière la forêt, jetant une onde glacée autour de moi. La nuit tombait doucement, mais l’envie de quitter le lac ne se faisait pas sentir, aussi je reste assise, recroquevillée sur moi-même, attendant patiemment de ne plus sentir mon corps, paralysé par le froid et l’humidité pour me lever & quitter ce petit coin de paradis.

J’ai toujours l’impression que tu aimes plus le paysage que moi, dès que nous venons ici.

Mon corps manqua un battement, et en quelques secondes, ma respiration s’accéléra à une vitesse folle, provoquant en moi un léger malaise.
Cette voix. Cette intonation. Je ferma les yeux, réprimant une envie de vomir pesante et je pris une profonde inspiration.
Un mois ? Peut-être plus ? Depuis quand n’avais-je pas entendu sa voix résonnée dans le creux de mon oreille ? Depuis quand n’avais-je pas sentis sa respiration soufflée doucement dans ma nuque ?
Trop longtemps visiblement.

Qu’est-ce-que tu viens faire ici, Ceyan ?

Ceyan & Alana ♥

Vingt-huit jours. C’était le temps que le jeune serpentard avait mit à accepter qu’ils ne pourraient jamais faire marche arrière. Le temps qu’il avait mit à se rendre compte que sa vie devenait chaque jour un peu plus terne, maintenant qu’elle n’en faisait plus partie. Et chaque jour, il se laissait crever. Crever d’amour, crever de haine. Crever, tout court.

Et puis, il jeta un regard sur le parc, depuis une des fenêtres de la bibliothèque. Il laissa ses yeux bleus embrassés tout le domaine jusqu’à la petite colline surplombant le lac.
Ca ne pouvait être qu’elle, perchée là-haut, plus perdue que jamais. Ses cheveux bruns tombant en cascade sur ses épaules. La courbure de son dos.
Alana. Ce nom raviva en lui un étrange malaise, divisé entre le souvenir douloureux de la dernière fois où il lui avait parlé & la douceur du tableau qu’il avait sous les yeux.
Elle était là. Sans lui.

* * *

Ceyan avait descendu les escaliers quatre à quatre, guidé par une sorte d’instinct animal qu’il avait été incapable de contrôler. Tout s’était passé à une vitesse folle, il n’avait même pas réalisé ce qu’il était en train de faire. Mais lorsqu’il fût arrivé à deux mètre derrière elle et qu’il posa son regard azur sur ce petit corps frêle qui renfermait tant de sentiments différents, tant de rage et de douceur à la fois, le jeune homme se rendit compte qu’il était maintenant trop tard pour reculer.

Il fit encore quelques pas, aussi silencieux qu’un guépard guettant sa proie, prêt à bondir au moment le plus opportun. Il se laissa tomber sur les genoux, rapprochant son visage du coup de la jeune femme. Cette nuque blanche et lisse, dans laquelle il avait respiré si souvent ce parfum de monoï.

J’ai toujours l’impression que tu aimes plus le paysage que moi, dès que nous venons ici.

Ceyan sentit Alana se raidir, et il esquissa un sourire. Un sourire calme, à demi-rassuré. Il ferma les yeux un instant, avant de se relever, et de voir la serdaigle en faire de même, ses jambes fines tremblant légèrement.

Qu’est-ce-que tu viens faire ici, Ceyan ?

Cette voix. Dédaigneuse, hautaine, hargneuse. Ce timbre cristallin et glacial. Alana. Elle était là, désormais, le jaugeant de ses petits yeux de havane qui pétillaient de questions.
Mais les mots du serpentard restèrent bloqués dans sa gorge. Il avait tellement voulut la revoir qu’il ne trouva pas quoi répondre tout de suite. Alors il se contenta de détailler les moindres traits du visage de la jeune fille, le moindre petit détail qu’il n’avait jamais oublié. Il l’a connaissait pas cœur. Elle était à lui. Et inversement. Ou du moins, il l’espérait encore.

Dis quelque chose…. n’importe quoi. Pourquoi, Ceyan… pourquoi ?

Il voyait le regard incendiaire d’Alana s’embuer des premières larmes. Il vit sa bouche se tordre dans une moue douloureuse. Elle tentait de se contenir, elle luttait. Elle luttait contre son envie de lui envoyer une énorme gifle dans le visage, elle se retenait de lui dire qu’il avait été le pire des enfoirés, qu’il l’avait blessée, qu’il l’avait abandonnée.

Réponds-moi ! Réponds, bordel ! T’as pas le droit de faire ça ! T’as pas le droit de revenir comme si ca n’avait jamais eu lieu, comme si tout ca ne s’était jamais passé ! T’as pas le droit d’être toujours égoïste !

Alana remuait ses petits poings blancs dans l’air, elle brassait le vent, mais à aucun moment elle n’effleura le serpentard. Elle était là, insoumise & sauvage, à lui jeter tout ce qu’elle avait sur le cœur depuis presque un mois. Elle était là. Alana, cette petite fille électrique et indomptable.
Ceyan voyait les paroles provocantes s’écouler de la bouche de la brune, mais il ne les entendait pas. Il se contentait d’attendre qu’elle finisse de crier tout ce qu’elle avait à lui reprocher pour qu’il puisse enfin la prendre doucement dans ces bras, & tenter de se faire pardonner.

Ceyan & Alana ♥

Il souriait. Plus je l’insultais, plus il souriait. Je connaissais trop bien Ceyan pour savoir qu’à ce moment-là, il ne m’écoutait pas. Pire, il ne m’entendait pas, & il faisait tout son possible pour ne pas entendre. Ses petits yeux bleus transpiraient de ce que j’aurais appelé de l’envie, si je n’étais pas restée là, l’insulter encore et toujours, sans pouvoir m’arrêter.

T’as pas le droit de me faire ca, Ceyan ! Pour qui tu te prends ! T’as pas le droit d’entré dans la vie de quelqu’un, de le faire s’attacher à toi, de disparaître comme un voleur et de revenir un mois plus tard avec ton sourire béat et ta chemise entrouverte! T’es un gros con Ceyan!

Et je m’arrêtai, les mots ne furent plus capables de sortir de ma bouche. J’avais tout dit. Tout. La nuit était tombée pendant mon monologue, et je ne m’en étais pas aperçu. J’étais concentrée. Sereine et révoltée.
Je ravala un sanglot, et tourna mon regard vers l’obscurité des collines. Une brise s’éleva depuis la forêt et frôla la surface lisse du Lac Noir, laissant derrière elle de petits mouvements dans l’eau. La lune en croissant, pâle comme un linge, montait lentement derrière la première colline face à moi, me dominant de toute sa puissance mystique et saisissante. Elle m’avait toujours effrayée ; depuis toute petite, cet astre de la nuit m’avait toujours fait ressentir un certain malaise.

Tu as fini ?

Et voilà, c’était fini. Il venait de remettre son masque.

Tu ne t’ouvriras jamais à moi, n’est-ce-pas ?

Il me fixa de son regard bleu nuit. Non, il ne s’ouvrirait jamais. Il était redevenu le Ceyan grave et tragique qu’il était toujours. Il était un serpentard, il n’aurait jamais pu changer.
Dans un soupir fatigué, je me laissai tomber sur l’herbe humide. Allongée de tout mon long, je posa mes mains sur mon ventre, fixant l’immensité étoilée sous mes yeux. La fraicheur du gazon s’immisça dans le col de mon gilet de sorcière, au blason de Serdaigle, & je retins tant bien que mal un frisson.

Ca fait longtemps que je suis entièrement à toi, Alana. Tu te trompes. Rien de ce que tu as pu dire tout à l’heure n’a changé ça. Et rien ne le changera jamais.

J’avais fermé les yeux, & pressais mes paupières si fortement l’une contre l’autre que je commençais à avoir mal.

On ne peut pas lutter contre quelque chose qu’on ne voit pas, qu’on ne sent pas, mais qui nous contrôle à chaque instant. Tu te souviens ? C’est l’une des dernières choses que tu m’as dites il y a un mois. Et c’était sûrement celle qui sonnait le plus faux, mais qui disait le plus vrai. Je suis pas en train de te dire que je suis amoureux de toi, Alana, je dis juste que… même si c’est que dans plusieurs années, que tu auras trouvé le petit copain idéal et qu’un matin je viendrais frapper chez toi et que je te demanderais en mariage, j’espère que tu diras oui. Parce qu’il n’y a qu’une seule personne avec qui je me vois passer ma vie, et c’est toi. Je ne t’aime pas, Alana. Je suis fou de toi, et si tu me laissais entrer dans ton cœur, je prendrais la place de Terrence dès maintenant. Tout de suite. Pour toujours. Et…

Arrête!

C’est tout ce que je trouva à lui dire. Je me leva d’un bond et me retourna face à lui, plongeant mes yeux dans l’océan des siens. Mais j’eu beau scruter son regard enflammé, je ne trouva rien qui contrecarrait ce qu’il venait de dire. Rien. Pas la moindre parcelle de moquerie, de rage ou de corruption.

Tu sais plus ce que tu dis, Ceyan…

Tu te trompes…

& en l’espace d’un demi millième de seconde, je n’ai plus rien compris. J’ai vu ses lèvres, son regard brûlant et la même douceur que j’avais ressenti pour la dernière fois il y a un mois, dans ce couloir froid.

Un jour, mon moldu de psychiatre m’a demandé à quoi ressemblait le paradis, selon moi, ce que c’était. Même à l’époque, je connaissais déjà la réponse.
J’avais répondu « Ceyan ».

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